Parler d’Olentzero à Lesaka, et précisément à Lesaka, où tous les voisins connaissent ce personnage attachant de Noël autant ou plus que moi, est difficile et même étrange pour moi.
Mais, en tout cas, avec ma meilleure volonté et l’exercice de ma mémoire, et avec certaines données et références que j’ai glanées et gardées tout au long de ma vie, je vais essayer de vous raconter et d’apporter des choses curieuses que je garde parmi mes meilleures expériences personnelles.
Sans aucun doute, je dois commencer par mentionner le lesakarra, un savant et amoureux de l’Olentzero, Emilio José Esparza Viela (18 mars 1918-19 octobre 1970), que nous citerons dorénavant sous le nom de José Emilio, car c’est ainsi que nous l’avons tous appelé. C’est lui qui, en 1950, a écrit un curieux article sur l’Olentzero à Noël à Lesaka, imprimé par l’Editorial Gómez à Pampelune, au prix de 40 réals. Ses amis de la Cofradía Gastronómica del Pimiento Seco ont réalisé un fac-similé qui est le quatrième des treize carnets publiés par cette guilde, édité par Aranzadi le 24 février 1972, en hommage à José Emilio. L’un des dix membres de cette confrérie était Martín Sarobe, originaire de Pampelune mais lesakarra dans l’âme que tous les voisins connaissent.
Dans cet ouvrage, José Emilio, après avoir consulté des travaux d’Aranzadi, Azkue, Barandiarán, Campión, Caro Baroja, Chao, Frankoswski, Iribarren, Lecuona, Veyrin, Zabala et d’autres, convient que l’Olentzero d’origine, peut-être lesakarra et d’époque inconnue, peut provenir d’Onentzaro (Zaro = Époque) qui pourrait bien signifier le temps du bien. Et de là, Olentzero pourrait aussi signifier l’ère des Oes ou des Oleries à laquelle de nombreux érudits font référence.
L’œuvre de José Emilio se compose de plusieurs chapitres, comme l’Olentzero et la comparsa, qui est composée de six membres, quatre hommes ou serveurs qui portent la démarche sur leurs épaules, un bagagiste et un chanteur, et reflète également la scène (il parle d’Ikatzulo, un lieu de Lesaka), et la musique. Nous préciserons, avant de poursuivre, que le bagman était la personne chargée de collecter les dons des voisins.
Olentzero ou Olentzaro
Le bien-aimé José Miguel de Barandiaran (Aita Joxemiel), dans plusieurs citations de ses Œuvres complètes, volume I, page 183 et autres, et volume XXII, page 223 et autres, dit qu’à Lesaka notre personnage s’appelle Olentzaro et Julio Caro Baroja, à la page 110 et autres de son ouvrage Sur l’ancienne religion et le calendrier du peuple basque déclare qu’à Lesaka, il s’appelle Olentzero, Olentzaro et Orentzero indifféremment. C’est-à-dire avec trois noms différents, alors qu’au contraire j’ai toujours entendu Olentzero, comme le dit José María Satrustegui, à la page 79 et autres du Solstice d’hiver, et, bien sûr, José Emilio Esparza et d’autres auteurs.
Nous pensons, et c’est ce que José Emilio Esparza a toujours dit entre amis, que la figure de l’Olentzero est “originaire de Lesaka”, bien qu’il n’ait pas réussi à le démontrer malgré son vif intérêt pour le sujet en raison de sa mort prématurée, puisqu’il est mort à l’âge de 52 ans. En 1970, la Mairie de Lesaka, en collaboration avec divers organismes et associations locales, a organisé le 1er Concours littéraire José Emilio Esparza en langue basque, et les conditions suivantes ont été incluses dans le règlement du concours : Pour les participants âgés de 12 à 15 ans, sujet obligatoire : Olentzero. De 15 à 19 ans, matière obligatoire : Urteberria.
Quant à savoir si la figure de l’Olentzero est originaire de Lesaka ou non, bien que cela soit pertinent, c’est plutôt le cas et il est très clair que dans cette ville, la tradition de notre personnage de Noël ne s’est jamais perdue et de nombreux auteurs, si ce n’est tous, sont d’accord sur ce point. Dans ce sens, je vais citer plusieurs notes et déclarations dans lesquelles, en fait, ils placent Lesaka ou y font allusion comme l’espace géographique d’origine d’Olentzero.
Ainsi, le journal Diario de Noticias de Navarra, daté du 2 septembre 2002, a publié en dernière page un rapport du “Beratarra, bien que basé à Lesaka” Joseba Irazoki Etxepeteleku, qui déclare textuellement que “tout cela ne peut cependant pas oublier que Lesaka est le lieu de naissance de personnages mythiques tels qu’Olentzero, selon l’écrivain Baroja”. De même, dans le Diario de Navarra du 30 décembre 1992, Víctor Manuel Arbeloa écrit : “…nous sommes donc partis pour Lesaca, une ville qui s’enorgueillit d’être la patrie d’origine des Olentzero…
Dans le livre Tour de Navarre (Baztán, Bertizarana, Bortziriak), à la page 220, il dit : “À Lesaca est né le mythique Olentzero…”, et il est illustré par une photographie dont la légende explique : “….L’Olentzero…. est précisément né dans la ville de Lesaca et de là, il s’est répandu dans le reste de la Navarre et du Pays Basque comme une forte tradition de la période de Noël”. Le guide et la carte, publiés par Caja de Ahorros de Navarra (page 104) indique également que “Lesaca est la ville où est née la figure mythique de l’Olentzero de Noël….”.
D’autre part, dans une note qui m’a été remise le 19 novembre 2005, les Amis du Musée basque de Bilbao, à qui je conseille une visite guidée de Lesaka, disent : “Lesaka, lieu de naissance de personnages mythologiques comme le charbonnier Olentzero, …”. Et le savant Juan Garmendia Larrañaga, à la page 147 de son Hiztegi Etnografikoa publié par Ikastolen Elkartea sur l’Olentzero dit “…izen eta jatorrian buruzko teoriak desberdiñak daude eta Lesaka izendatu zaio jaioterritzat”, c’est-à-dire : “… il existe différentes théories sur le nom et l’origine (de l’Olentzero) mais Lesaka a été désigné comme son lieu de naissance”.
De même, José Dueso dans Euskal Jaiak (page 40) dit : “Dans d’autres endroits, le monigote est brûlé sur la place à la fin de la fête, dans le cas de Lesaka, où ce mythe continue sans doute à avoir plus de racines et où l’on assure que le personnage basque de Noël a eu son lieu de naissance”.
Aita Barandiarán dit aussi que l’Olentzero est brûlé dans le volume I de ses Œuvres complètes, page 184 et autres. Et il en va de même pour Julio Caro Baroja, à la page 110 de son ouvrage précité, où il dit, mot pour mot : “Quant à l’Olentzaro de Lesaka, j’ai un rapport datant d’environ 1928, de M.M. (mon explication : Marcial Macicior (auquel correspondent les initiales M.M, de Caro Baroja), conseiller municipal à l’époque, qui a pris ses fonctions le 27 novembre 1927), qui dit être un singe de paille (Olentzero) qui est porté en procession et va (sic) jeter des bénédictions et se brûler sur la place”.
En ce qui me concerne, je ne l’ai rencontré qu’il y a un an, il y a une vingtaine d’années, à la porte du Casino, et il ne s’est pas fixé. Et mes parents me disent qu’en leur temps, et ils ont maintenant 91 ans, ils n’ont jamais connu cette action comme une coutume, bien qu’ils aient connu quelques années isolées mais plus comme un hooliganisme ou une action similaire qu’autre chose. Il est possible, en tout cas, que ces auteurs se réfèrent à une époque beaucoup plus ancienne dont il n’y a aucun souvenir.
Et dans le Diario de Navarra, daté du 26 novembre 2005, concernant les discussions à Lesaka en rapport avec Olentzero, il est dit : “Dans leur lieu d’origine probable, Lesaka, ils ont été plantés. C’est un de nos symboles, de Navarre, qui est répandu dans tout le Pays Basque …..”.
J’ai cité sept références au fait qu’Olentzero est originaire de Lesaka, ce qui ne signifie pas que d’autres peuples peuvent citer sept autres ou plus qui prétendent le contraire. En tout cas, je répète que ce qui nous intéresse, et c’est vrai et nous insistons sur ce point, c’est qu’à Lesaka la tradition ou la coutume d’Olentzero ne s’est jamais perdue et qu’elle est au moins célébrée depuis plus d’un siècle et demi ou plus, comme le dit Barandiarán dans la lettre “entendimentuz jantziya (mendez mende)”.
Je voudrais expliquer que je crois et suis presque certainement convaincu que c’était en cette année 1959, bien que l’Iruñesheme et bon ami Andoni Santamaría-Ilundain, membre fondateur des Amis de l’Olentzero de la Jeunesse de San Antonio, qui est l’entité qui l’organise, ne soit pas très convaincu que c’était cette année-là. J’espère qu’un jour nous clarifierons cette situation, et j’espère que ce sera avec suffisamment de santé et d’enthousiasme de notre part à tous les deux pour continuer à travailler pour notre Olentzero intimement aimé.
Le fait est que j’ai pris contact avec José Emilio Esparza et d’autres lesakarras, (Pedro Isasi, Bautista Irigoyen et quelques autres) et la veille de Noël, un Olentzero qui avait participé au concours de Lesaka a été emmené dans un camion aux arènes de Pampelune. Ce fut le premier Olentzero à quitter Pampelune, transporté depuis Lesaka dans un camion par mon oncle, Bautista Irigoyen, et en 1965 ou 1966, je ne peux pas en être sûr (bien que ce fut certainement une de ces deux années), Ángel Irazoki dans sa camionnette accompagné de Pedro Isasi a pris l’Olentzero avant la veille de Noël, cette fois-ci fait ex profeso pour le conduire à Pampelune. D’après ce qu’il me dit, il ne connaît pas très bien Pampelune. Il l’a emmenée dans une école, juste après le séminaire, sur la droite.
En d’autres termes, si l’on admet historiquement que Lesaka est la ville d’origine d’Olentzero et que, de là, elle s’est étendue à tout le Pays Basque, ces derniers cas que nous mentionnons sont parmi les plus récents. Tout cela, ici à Lesaka, est dû, entre autres entités et personnes, au groupe de musique, à la chorale de Lesaka, aux différents groupes musicaux, au comité municipal de la culture et aux enthousiastes anonymes qui, chaque année, aident par leur collaboration généreuse et enthousiaste à préserver cette tradition, l’une des plus attachantes et des plus populaires.
Rafael Eneterreaga Irigoien